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Charles Tassin est architecte d'intérieur et décorateur. Un terme auquel il tient beaucoup car il est très attaché au beau et à ce qu’il apporte de bon dans le quotidien de chacun. Son quotidien, il le partage entre ses créations et la vie des galeries May et Maylis qu’il a fondé avec sa femme, rue de Lille à Paris.
C’est ici, dans l’intimité feutrée et chaleureuse de son bureau, au milieu d’objets désignés de sa main et d’antiquités, qu’il évoque L’Art de la Chambre, ses inspirations et sa collaboration avec la marque Tréca. Le sourire aux lèvres et l'œil pétillant. Morceaux choisis.
Votre travail fait référence à plusieurs univers. Où puisez-vous votre inspiration ?
L’inspiration d’un décorateur, c'est comme tout métier artistique. C'est être une éponge. Peut-être depuis l'enfance. Observer, regarder et s'imprégner de toute forme, de toute chose. Et aussi la musique et le cinéma. Des atmosphères…
Et puis quand on est architecte d'intérieur-décorateur, effectivement il y a la visite des lieux. Ici, une moulure, la corniche d'un plafond, un entourage de porte, une cheminée. Là, la proportion d’une fenêtre par rapport à la façade. C'est regarder les lignes toujours, toujours, toujours. Parce qu'effectivement, c'est le dessin avant tout.
C'est vrai que les matières et les couleurs comptent aussi. Mais pour moi, le dessin c'est vraiment la chose primordiale. Ensuite les choses découlent. Voilà ! Ça paraît évident quand on fait mon métier. Mais ça ne l'est peut-être pas pour tout le monde.
La chambre, c‘est un espace qui vous parle ?
La chambre, c’est le lit. Le lit, c’est la chambre. C’est le sommeil, c'est l'amour, c'est la famille. J'aime le lit pour dormir et pour y rêver le plus longtemps possible… C’est donc un espace très important à mes yeux.
J’ai la chance d’avoir ma chambre idéale dans la maison que j’habite. Mais je l’ai cherché longtemps, cette chambre. Elle est située dans une maison ancienne, au premier étage, elle est entourée de fenêtres. Mon lit regarde la maison. Il ne tourne pas le dos aux accès. Il regarde l'arrivée de l'autre… Ça, c'est très important. Il y a deux fenêtres d'un côté, deux fenêtres de l'autre, avec des vues sur les jardins. Une cheminée. Et des tissus tendus au mur et de lourds rideaux. Voilà c'est un cocon, c'est une un refuge, c'est une bulle de bonheur un nid ouaté et coloré.
Comment est née votre collaboration avec Tréca ?
La collaboration avec Tréca, c'est d'abord la rencontre, il y a quelques temps, de Béatrice Mahon (Responsable du Pôle Décoration) avec qui je m'entendais très bien en tant que architecte décorateur et donc client et prescripteur des produits Tréca. Tréca, c’est la qualité française, c'est l'artisanat français, c'est la petite industrie qui voyagent dans le monde entier, ou presque. Fabriquer ici. Et distribuer ailleurs. C’est beau. C'est quelque chose qui me touche…
Béatrice m'a proposé de collaborer, de dessiner pour la marque qui correspond beaucoup à ce à quoi je tiens. C'est-à-dire l'artisanat français et l’esprit industriel, français. C’est très important à mes yeux. À la galerie, nous veillons vraiment à privilégier le made in France. Et Tréca, comme me le disait un ami, a encore la folie de fabriquer en France dans ses deux usines de Mer et Reichshoffen. C'est absolument admirable. C’est pourquoi j’ai plongé dans cette aventure avec bonheur.
Et puis, c'est la première fois que je collaborais avec une marque qui produit de façon semi-industrielle. Quand on est architecte d'intérieur et designer c'est très intéressant et très attrayant de concevoir des objets qui seront distribués dans le monde entier.
La collection Charles Tassin est riche de plusieurs modèles. Comment les avez-vous conçus ?
Le dessin d’une tête de lit est un exercice qui n'est pas si évident parce qu'il s'agit de se singulariser par un dessin qui soit assez fort pour être reconnu et pour autant on ne peut pas partir dans un délire artistique. Pour moi, la complexité vient surtout du fait qu'il s'agit d'un objet en deux dimensions. Le relief doit être limité : on doit donc partir sur une hauteur / une largeur et un dessin qui va évoquer quelque chose.
Je voulais quelque chose de très typé, néoclassique, dessiné. La courbe, les contre-courbes, la ligne droite sont très importantes dans ce que j'aime faire. Enfin ce que j'essaye de faire en tout cas. C'est pour ça que je me suis lancé dans un dessin néoclassique qui faisait référence aux volutes au chapeau de gendarme, avec des courbes aux allures un peu XVIIIe. J'y tenais car pour moi, c'est très évocateur du style français. Et je l’ai décliné ensuite pour la majorité des têtes de lit que j’ai conçues. De la dizaine de modèles que j’ai dessinés, nous avons fini par en choisir cinq pour cette collection.
Ensuite, il a fallu les nommer… C'est toujours un exercice amusant. Un peu de littérature. Un peu de français parce que je voulais des noms français. J’ai rompu sur ma méthode d'appellation car je voulais que ça soit un sujet particulier pour Tréca. J'ai donc pris simplement les villages de mon enfance, de ma campagne que j’aime, des villages à l’environ, dans le fin fond des Yvelines, aux confins de l’Eure et Loire.
Comment s’est passé le passage du dessin à la fabrication des têtes de lit ?
Très bien. Les artisans sont entrés en scène lorsqu’il a fallu passer du dessin, de la silhouette à la réalisation. J’avais rencontré ces formidables compagnons de l’usine de Reichshoffen en amont. Confier des dessins à de merveilleux artisans pour les réaliser, c’est un vrai bonheur… De par mon métier, j'ai toujours eu une passion pour la visite des ateliers car je travaille au quotidien avec des ébénistes, des tapissiers, des fondeurs, des céramistes… C’est très diversifié et je nourris une vraie passion pour ces savoir-faire.
Vos têtes de lit pour Tréca sont habillées de très beaux textiles. Comment s'est passé le choix des tissus ?
C'était un échange entre les équipes de Tréca et moi. Et en fond, la Maison Pierre Frey car les deux marques collaborent ensemble depuis longtemps et de manière très étroite. C’est un choix qui me convenait parfaitement. Et qui me touche particulièrement pour des raisons amicales, presque familiales.
Un dernier mot : avez-vous un conseil pour aménager sa chambre ?
Je recommanderais peut-être une alternance de tissus à motifs et d’unis. Pourquoi pas des rideaux très motifs, floraux ou végétaux, avec une tenture uni. Ou l’inverse. Ou alors pourquoi pas entièrement imprimé. Avec un mobilier complètement éclectique. Et des choses aimées, un peu d'antiquités, à mélanger à des lampes contemporaines.
On peut délirer dans une chambre : c'est une atmosphère où on peut s'autoriser beaucoup de choses.
Aller plus loin...
Credits photos showrooms © Romain Chambodut
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